Les grands acteurs du numérique veulent partager vos données personnelles avec vos médecins.
Depuis peu, toutes les grandes entreprises technologiques se lancent dans les soins de santé, avec des investissements mobilisant leurs vastes banques de données personnelles. Amazon est en train de vendre un logiciel capable de consulter les dossiers médicaux afin d’élargir les compétences d’Alexa en matière de santé et de bien-être. Google développe un logiciel de reconnaissance vocale pour aider les médecins à remplir les dossiers de leurs patient(e)s. Alphabet, maison mère de Google, a mis au point un partenariat entre Verily (sa branche spécialisée dans les sciences de la vie) et Walgreens pour surveiller si les malades suivent bien leurs traitements. Apple ne cesse de développer des applications de santé et de bien-être pour ses montres connectées, qui intégrent données personnelles de suivi et dossiers médicaux électroniques de ses hôpitaux partenaires. Microsoft travaille actuellement à la conception d’un logiciel d’intellugence artificielle (IA) de gestion à distance des dossiers médicaux. Même Uber et Lyft entrent dans la danse avec un service de «transport médical non urgent».
Le pari de ces entreprises est de monétiser nos data liées à notre santé afin de « créer des analyse personnalisée ». Cependant il y a peu de chance que toutes ces données améliorent réellement notre santé, au contraire elles pourraient aggraver notre vulnérabilité concernant nos données, notre surveillance et nos données intimes de santé. En effet, le type de données exploitées par les entreprises technologiques –nos achats, nos goûts, ce qui nous procure du plaisir et ce qui nous fait pester– n’ont pas grand-chose à voir avec celles que les médecins et les équipes de recherche utilisent traditionnellement pour diagnostiquer les maladies.
Nos données de santé déjà partagé
Des courtiers en données comme LexisNexis et Acxiom vendent déjà aux professionnel(le)s de santé des données sur les déterminants sociaux, y compris des informations relatives aux casiers judiciaires, achats en ligne, programmes de fidélité, registres électoraux, etc. Bientôt, quand ils mesureront leur poids ou leur tension artérielle, les médecins américains pourront aussi savoir si les personnes concernées ont leurs habitudes dans « des restaurants pas très diététiques ».
Facebook travaille d’ores et déjà grâce aux Big Data avec par exemple : la prévention du suicide, la dépendance aux opiacés et la santé cardiovasculaires.
Quand Google ou Facebook combine ses données génériques à des données médicales très sensibles, des profils médicaux numériques sont créés sans validation externe de l’exactitude des données, sans consentement des internautes ni possibilité de refuser ce fichage.
Workinpharma se demande quand seront intégrés nos données personnelles à nos dossiers médicaux ?