Une nouvelle option thérapeutique dans le TDAH
Xurta (lisdexamphétamine) est désormais disponible en officine pour le traitement du trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ce médicament, récemment autorisé en France, marque une évolution notable dans la prise en charge de cette pathologie. Contrairement au méthylphénidate, jusqu’ici seule molécule disponible dans ce contexte, Xurta appartient à la famille des amphétamines. Il s’agit donc d’un retour de cette classe thérapeutique dans le circuit officinal, après plusieurs décennies d’absence.
Une arrivée tardive en France
La lisdexamphétamine a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en janvier 2025 et se décline sous forme de gélules de 20, 30 et 40 mg. Sa disponibilité en ville reste relativement récente par rapport à d’autres pays européens ou nord-américains qui utilisent cette molécule depuis le début des années 2010. Le contexte français, marqué par l’affaire Mediator et ses conséquences sur l’image des amphétaminiques, a ralenti cette arrivée. Comme l’a souligné le Dr Hugo Prunier, psychiatre à Lyon, « le mot amphétamine fait peur en France, avec des préjugés partagés à la fois par les soignants et les patients ». Jusqu’alors, la molécule n’était accessible qu’à l’hôpital, en accès compassionnel. Aujourd’hui, Xurta bénéficie d’une AMM mais il n’est pas encore remboursé. Le prix indicatif d’achat pour les pharmaciens est de 52,90 euros.
Conditions de prescription et dispensation
En pratique, Xurta s’adresse aux enfants de plus de 6 ans lorsque le méthylphénidate s’avère insuffisant, ainsi qu’aux adultes présentant des symptômes persistants depuis l’enfance. Comme tout stupéfiant, sa prescription et sa dispensation sont strictement encadrées. La prescription initiale annuelle est réservée aux spécialistes en neurologie, psychiatrie ou pédiatrie. Chaque ordonnance est limitée à 4 semaines, rédigée sur une ordonnance sécurisée. Le renouvellement, quant à lui, n’est pas restreint.
Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) insiste sur plusieurs points : l’évaluation du risque cardiovasculaire, la surveillance de l’état psychiatrique, la prise en compte d’éventuelles contre-indications et la vigilance vis-à-vis des risques d’abus ou de dépendance. Certaines situations interdisent formellement la prescription, comme l’hyperthyroïdie, les maladies cardiovasculaires symptomatiques, l’HTA sévère, le glaucome ou la prise récente d’IMAO.
Modalités d’administration
Le traitement débute généralement à 30 mg le matin, avec possibilité de commencer à 20 mg selon le profil du patient. La posologie peut ensuite être ajustée par paliers de 10 ou 20 mg à intervalles d’une semaine. La dose maximale recommandée est de 70 mg par jour. La gélule peut être avalée entière ou son contenu mélangé à un aliment semi-liquide ou à une boisson. L’effet clinique est prolongé, avec une efficacité pouvant durer 13 à 14 heures, ce qui représente un avantage par rapport à certaines spécialités à base de méthylphénidate à libération prolongée.
En cas d’oubli, la prise doit être reportée au lendemain, et la consommation dans l’après-midi doit être évitée pour limiter le risque d’insomnie.
Une évaluation en cours par la HAS
L’avenir de Xurta dépend en grande partie de son évaluation par la Haute Autorité de santé (HAS). La commission technique du 16 juillet dernier avait inscrit ce médicament à son ordre du jour afin de se prononcer sur son inscription au remboursement. La décision finale concernant son Service médical rendu (SMR) et son Amélioration du service médical rendu (ASMR) est attendue dans les prochaines semaines.
Conclusion
Avec Xurta, les pharmaciens voient réapparaître une molécule de la classe des amphétamines dans leurs rayons. Si cette arrivée ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge du TDAH, elle s’accompagne aussi de contraintes réglementaires strictes et de précautions cliniques essentielles. L’évaluation de la HAS permettra de préciser la place que ce médicament occupera dans l’arsenal thérapeutique, mais aussi son accessibilité financière pour les patients.