Madame LECLERCQ bonjour, vous êtes la fondatrice de Prépa’Forma mais vous rédigez également des articles pour la revue PORPHYRE et êtes également active sur les réseaux sociaux. Vous nous faites le plaisir d’être parmi nous aujourd’hui; nous souhaiterions savoir ce qui vous avez mené à former les préparateurs et les pharmaciens aux préparations ?
Très simplement, j’ai d’abord fait des études de préparatrice en pharmacie pour…préparer ! En effet, si j’ai choisi ce métier c’est avant tout parce que j’avais le désir de manipuler la matière et, surtout, pouvoir adapter des traitements à des patients dont la seule alternative consiste souvent en une préparation spécifique. J’ai ensuite été formatrice en CFA puis j’ai choisi de créer des formations adaptées à cette activité en formation continue avec Prépa’Forma.
Quel est votre regard sur la profession ?
Pour la grande majorité, le préparateur n’exerce plus le métier de préparateur. C’est un collaborateur de la pharmacie, certes indispensable mais qui consacre l’essentiel de son temps à la délivrance. En Belgique il est même appelé adjoint !
Je pense néanmoins que le métier de préparateur, qui touche l’homéopathie comme l’allopathie ou la préparation des piluliers, doit retrouver toute sa légitimité et son utilité. On estime que près de 15 000 préparations ont lieu chaque jour avec un marché tiré par les préparations pédiatriques mais, et c’est un phénomène plus récent, celles destinées à la médecine vétérinaire et l’élevage.
Nombre d’officine ont pourtant choisi de sous-traiter leur préparations. Pourquoi reprendre ce marché ?
De fait, beaucoup de pharmacies externalisent leurs préparations à des confrères sous-traitants . Ceux-ci disposent de tout l’équipement et l’autorisation délivrée par les autorités. A noter et c’est légitime, la réglementation ne cesse de se renforcer. Pour autant, c’est un moyen de :
– conserver cette spécificité du métier
– d’apporter un service un différenciant à ses patients
– de « créer » un médicament sur mesure adapté à la particularité du traitement.
– de capitaliser sur les aspects éthiques de la profession
– de rappeler aussi l’origine du logo des préparateurs (1 mortier, 1 pilon !)
– de valoriser le rôle du pharmacien en tant qu’acteur de la santé publique
Pensez-vous que, compte-tenu de la règlementation contraignante, n’importe quelle officine puisse se réapproprier ce segment ?
Tout d’abord, je ne vois pas la réglementation comme une contrainte mais plutôt comme un cadre sanitaire destiné à assurer la sécurité des préparations. Bien sûr, il faut que l’officine ait une appétence particulière pour cette activité mais également l’organisation suffisante pour pouvoir répondre aux demandes toutes différentes. On sent bien que le marché s’oriente vers une spécialisation de certaines officines au regard des investissements à engager mais, de mon point de vue, c’est l’essence même de la profession. A l’heure où les pharmaciens cherchent des relais de croissance, le retour aux bases de la profession peut conduire à de vraies opportunités pour peu qu’ils s’engagent dans un processus de formation spécifique.
Précisément, quelles types de formations dispensez-vous aux préparateurs et pharmaciens ?
Nos formations se veulent très pratiques et adaptées à la législation (par exemple : liste non exhaustive):
– Bonnes pratiques de préparation
– Produit dangereux
– les préparations pédiatriques
– Les bonnes pratiques de préparation des doses à administrer (PDA)
– Pratico-pratique au préparatoire homéopathique dans le respect des BPP (Bonnes Pratiques de Préparations)
– Sensibilisation du personnel d’entretien des zones de production au circuit propre-sale.
Par ailleurs, nous dispensons la formation de sauveteur secouriste du travail en formation initiale et également une actualisation des compétences. Enfin, nous intervenons également en accompagnement et en audit de fonctionnement dans certaines officines qui souhaitent réinstaller un vrai préparatoire ou bien satisfaire pleinement aux bonnes pratiques de préparations.
Pour finir, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se tourner vers le métier de préparateur ?
Je leur demanderais d’abord s’ils aiment faire la cuisine ! En effet, de la cuisine à la préparation il n’y a qu’un pas ! Plus sérieusement, je leur dirais simplement que c’est une profession noble, qui conduit à adapter des traitements ou préparer des produits spécifiques; bref à faire du sur-mesure pour des patients et c’est une vraie source de satisfaction au quotidien.