Les Pharmaciens en Grève, et les Salariés ?
Le 30 mai, les pharmaciens de toute la France sont appelés à fermer leurs officines pour défendre leur profession. Cette journée de mobilisation soulève de nombreuses questions concernant les conséquences pour les salariés des pharmacies. Doivent-ils se présenter au travail ? Seront-ils rémunérés malgré la fermeture ? Voici un éclairage sur la situation.
Obligation Légale : Travail et Rémunération
Les pharmaciens titulaires, tels que Yorick Berger, membre du bureau de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), expliquent que deux solutions s’offrent aux employeurs : soit les salariés rentrent chez eux et sont payés car c’est une obligation légale, soit ils travaillent dans l’officine en effectuant des tâches administratives ou des inventaires. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) confirme que l’employeur doit fournir un travail et rémunérer le salarié qui se tient à sa disposition, même en cas de fermeture de l’officine.
David Brousseau, secrétaire fédéral Pharmacie d’officine de FO, rappelle dans une circulaire que si la pharmacie reste ouverte, les employés travaillent normalement. En cas de fermeture, ils doivent se présenter au travail selon leur planning, sauf si une dispense écrite leur est fournie. Il est essentiel pour les employeurs de formaliser cette dispense par écrit pour chaque salarié concerné.
Pas de Perte de Salaire ni de Rattrapage des Heures
Il est important de noter que les salariés ne subiront pas de perte de salaire ni de rattrapage des heures non travaillées. Ils n’ont pas non plus à poser un jour de congé payé ou de RTT pour compenser la fermeture, la journée de mobilisation ayant été annoncée moins d’un mois à l’avance. Toutefois, si un salarié souhaite poser un congé ce jour-là, l’employeur peut l’autoriser, précise l’USPO.
Participation aux Manifestations
Les organisations professionnelles encouragent les salariés à rejoindre les cortèges de manifestation. Cependant, si un salarié décide de faire grève, il perdra sa journée de salaire. David Brousseau met en garde contre toute forme de chantage : exiger la participation à une manifestation en échange du maintien du salaire est illégal. La Fédération Force Ouvrière ne soutient pas le mouvement, se considérant comme victime collatérale de cette grève.
Contexte des Négociations Salariales
Cette mobilisation se déroule dans un contexte de négociations salariales tendues dans la branche officine. Une réunion entre syndicats patronaux et syndicats de salariés est prévue pour le 3 juin, suivie d’une autre le 1er juillet. Les négociations sur les classifications et les salaires sont actuellement bloquées par la FSPF et l’USPO pour faire pression sur la sécurité sociale. Selon David Brousseau, cette stratégie n’a pas encore porté ses fruits.
Yorick Berger souligne la complexité de la situation : « Nous devons compenser par des augmentations de rémunérations de nos salariés. Mais si les prestations rémunérées par l’assurance-maladie et les complémentaires n’augmentent pas, il sera difficile pour les titulaires d’augmenter les salaires. » La mobilisation du 30 mai s’inscrit donc dans un cadre plus large de revendications pour des meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale des employés de pharmacie.
En conclusion, la fermeture des officines le 30 mai interpelle sur les droits et devoirs des salariés. Ils devront soit se présenter au travail pour effectuer d’autres tâches, soit rentrer chez eux tout en étant rémunérés. La participation aux manifestations est encouragée mais reste volontaire, avec les implications salariales que cela comporte. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de tensions salariales et de négociations cruciales pour l’avenir de la profession.