Au cours de ce mois de novembre 2023, près de 4 000 médicaments font face à des ruptures ou à des risques imminents de pénurie en France. Face à cette situation critique, les pharmaciens ajustent leur approche professionnelle pour minimiser l’impact sur les populations affectées par des maladies parfois sévères.
Lorsque vous remettez votre ordonnance à votre pharmacien, il se prépare désormais au pire. « Les ruptures de stock concernent entre 30 et 50% des ordonnances en ce moment », estime Claude Winstein, coprésident du syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin et pharmacien à la Petite Pierre. Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, a alerté le 26 octobre dernier sur France Info, soulignant que « près de 4 000 médicaments » sont en rupture ou risquent de l’être.
En 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a enregistré 3 700 signalements, contre seulement 700 en 2018. Claude Windstein confirme que « la situation est de plus en plus grave depuis la pandémie de Covid-19 ». Il explique que la dépendance envers des principes actifs fabriqués en Asie, combinée aux prix très bas des médicaments en France, contribue à cette baisse significative de disponibilité.
La saison hivernale suscite des inquiétudes parmi les pharmaciens, notamment pour les antibiotiques, les médicaments destinés aux personnes diabétiques, hypertendues ou souffrant de problèmes cardiaques. Claude Windstein note toutefois que le stock de paracétamol est moins touché par rapport à 2022.
Face à cette pénurie chronique, les pharmaciens sont contraints de s’adapter. Ils collaborent entre eux pour répondre efficacement aux demandes des clients, explorant les possibilités de génériques, s’entraidant mutuellement, et en dernier recours, contactant les médecins à la recherche d’alternatives thérapeutiques.
Cependant, cette quête constante de solutions représente un fardeau considérable pour les professionnels, nécessitant environ 15 heures de travail par semaine, comme l’indique Claude Windstein. Cette recherche active impacte d’autres aspects de leur métier, tels que les entretiens pharmaceutiques et la gestion globale de l’officine.
Afin de faire face à cette crise, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a annoncé fin octobre la tenue d’une réunion, prévue cette semaine du 8 novembre, réunissant les principaux acteurs impliqués dans la gestion de la pénurie de médicaments. Il a également souligné que le niveau des stocks pour l’hiver dépendrait de l’intensité des épidémies de grippe et de bronchiolite.