Depuis plusieurs mois, une molécule intrigue le monde scientifique et attire l’attention des médias : YCT-529. Présentée comme une possible révolution dans la contraception masculine, elle pourrait, si les essais se confirment, ouvrir la voie à la toute première pilule non hormonale pour les hommes. Le laboratoire YourChoice Therapeutics, qui détient la licence, espère même une mise sur le marché d’ici 2029.
Un mécanisme d’action inédit
Contrairement aux approches classiques de contraception masculine, qui s’appuient principalement sur des hormones comme les androgènes, YCT-529 fonctionne différemment. Cette molécule est un inhibiteur sélectif du récepteur nucléaire alpha de l’acide rétinoïque (RAR-α). En bloquant la signalisation de l’acide rétinoïque dans les testicules, elle entraîne une diminution significative du nombre de spermatozoïdes.
Un autre point clé de ce traitement est sa réversibilité : l’arrêt de la prise permet un retour à la fertilité, ce qui en fait un candidat intéressant pour une utilisation à long terme mais sans effet définitif.
Des résultats prometteurs chez l’animal
Les premières données expérimentales viennent des tests sur les souris et les primates. Chez les souris mâles, YCT-529 a montré une efficacité contraceptive de 99 % en seulement quatre semaines de traitement oral, avec un retour complet de la fertilité dans les six semaines suivant l’arrêt.
Chez les primates, les résultats sont tout aussi encourageants : la molécule a réduit la production de spermatozoïdes en deux semaines, sans effets secondaires notables, et la numération a retrouvé son niveau normal entre dix et quinze semaines après l’arrêt. Ces observations, publiées dans la revue scientifique Communications Medicine, ont naturellement suscité un grand enthousiasme.
Les premiers tests chez l’homme
Les essais cliniques ont commencé à petite échelle. Une étude de phase Ia a été menée auprès de seize hommes en bonne santé, déjà vasectomisés. Différentes doses uniques de YCT-529 leur ont été administrées, certaines à jeun, d’autres après un repas riche en graisses. Les résultats ont montré une bonne tolérance, sans effets sur la fréquence cardiaque, les hormones sexuelles, l’humeur ou le désir. De plus, aucune interaction notable avec l’alimentation n’a été relevée.
Quelles perspectives pour les prochaines années ?
Pour l’heure, un nouvel essai est en cours sur une cinquantaine de participants, avec un suivi de 28 à 90 jours afin de confirmer la sécurité du produit à plus long terme. L’efficacité contraceptive chez l’homme reste encore à démontrer, et il faudra franchir plusieurs étapes réglementaires avant d’imaginer une mise sur le marché. Selon les estimations de YourChoice Therapeutics, 2029 serait la date la plus réaliste pour une éventuelle commercialisation.
YCT-529 n’en est donc qu’au début de son parcours, mais il pourrait bien incarner une nouvelle ère dans la contraception masculine, en proposant enfin une alternative orale, réversible et sans hormones.
Les zones d’ombre de la contraception hormonale chez la femme
Depuis son apparition dans les années 1960, la pilule contraceptive a offert aux femmes un moyen efficace et largement utilisé pour contrôler leur fertilité. Cependant, son usage n’est pas sans inconvénients. En raison de son action hormonale, elle peut provoquer divers effets secondaires tels que des maux de tête, des nausées, une prise de poids ou encore une baisse de la libido. Certaines femmes rapportent également des troubles de l’humeur, allant de l’irritabilité à des épisodes dépressifs. Sur le long terme, l’usage de la pilule peut accroître le risque de complications cardiovasculaires, notamment les thromboses veineuses, surtout chez les fumeuses ou après 35 ans. Ces effets indésirables expliquent pourquoi de nombreuses femmes se tournent aujourd’hui vers des alternatives contraceptives, parfois non hormonales, afin de réduire l’impact sur leur santé et leur bien-être.
L’impact de la pilule contraceptive sur le risque de cancer fait l’objet de nombreuses recherches. Les études montrent qu’elle peut légèrement augmenter le risque de certains cancers, notamment le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus, surtout en cas d’utilisation prolongée. Cependant, ces risques diminuent progressivement après l’arrêt de la pilule. À l’inverse, la contraception orale a aussi un effet protecteur démontré contre d’autres cancers, comme celui des ovaires et de l’endomètre, avec une réduction du risque qui peut persister plusieurs années après l’arrêt. Le lien entre pilule et cancer n’est donc pas univoque : il existe à la fois des risques accrus pour certains types de tumeurs et une protection pour d’autres, ce qui souligne l’importance d’un suivi médical personnalisé.