La consommation d’antibiotiques en ville montre des signes de baisse en 2023, après deux années de hausse marquées par la pandémie de Covid-19. Selon les chiffres publiés le 6 novembre par Santé publique France, cette diminution encourageante s’inscrit dans la volonté de réduire l’antibiorésistance en France, bien qu’il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs nationaux.
Une légère baisse des prescriptions et de la consommation
En 2023, la consommation d’antibiotiques en ville a diminué de 3,3 % par rapport à l’année précédente, et les prescriptions se sont stabilisées, enregistrant un léger recul de 0,2 %. Cette tendance marque un retour à la baisse amorcé avant la crise sanitaire, interrompue par les deux dernières années de pandémie où la demande de soins pour les infections respiratoires avait entraîné une hausse des prescriptions. Bien que cette baisse semble positive, Santé publique France (SPF) souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour limiter le recours aux antibiotiques, et elle prévoit une nouvelle campagne de sensibilisation.
Une réduction inégale selon les régions et les groupes d’âge
Le rapport de SPF met en lumière des disparités selon les groupes d’âge et les régions. Par exemple, les prescriptions d’antibiotiques ont diminué chez les enfants de moins de cinq ans, tandis qu’elles ont augmenté chez les personnes de plus de 65 ans, potentiellement en raison de besoins accrus face à certaines infections chroniques ou d’hospitalisations. De même, les données montrent une consommation plus importante chez les femmes que chez les hommes, ainsi qu’une utilisation plus élevée dans les régions Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA).
Un défi persistant pour les prescripteurs
Si les médecins généralistes, principaux prescripteurs, ont réduit leurs prescriptions de 1,3 %, les spécialistes et les dentistes les ont augmentées de 4,6 % et 1,4 % respectivement. Parmi les antibiotiques les plus prescrits figurent l’amoxicilline (38,5 %), les macrolides (16,7 %) et l’amoxicilline/acide clavulanique (15,6 %), des familles à surveiller de près car génératrices de résistances bactériennes.
Atteindre les objectifs nationaux : un défi de santé publique
Malgré cette légère baisse, la France reste le cinquième plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe. Avec 820,6 prescriptions pour 1 000 habitants en 2023, le pays reste encore loin de l’objectif de moins de 650 prescriptions pour 1 000 habitants, fixé par la Stratégie nationale 2022-2025. Selon Caroline Semaille, directrice générale de SPF, il est crucial de mieux sensibiliser les prescripteurs et les patients à l’importance d’un usage raisonné des antibiotiques.
En conclusion, bien que la baisse de la consommation d’antibiotiques en ville soit encourageante, il reste nécessaire de renforcer les efforts de sensibilisation pour parvenir à un usage plus modéré et responsable des antibiotiques et ainsi lutter contre l’antibiorésistance.